Utilisée à la fin du 19ème siècle, l’hypnose a connu une éclipse pendant une bonne part du 20ème siècle. Depuis une trentaine d’années, elle renaît sans, pour autant, être bien connue du grand public. Aujourd’hui, l’imagerie cérébrale permet de visualiser ce qui se passe dans un cerveau sous hypnose. Nous avons voulu en savoir plus en expérimentant nous-même cette thérapie et en demandant à nos invités de nous expliquer comment elle agit sur notre cerveau. Avec Jean Marc Benhaiem et Marcel Chatel.
Pour cette dernière émission de Science publique de la saison, nous avons voulu revenir sur l’un des sujets les plus fascinants que nous ayons abordé. Il s’agit de l’hypnose, une pratique aussi banale que mystérieuse, aussi puissante que méconnue. Une pratique qui remonte, du moins en ce qui concerne l’invention du terme, au médecin écossais John Braid, en 1843. En France, c’est Jean-Martin Charcot qui développe l’hypnose à l’école de la Salpêtrière où l’un de ses élèves n’est autre que Sigmund Freud. Le principal paradoxe de l’hypnose est sans doute d’être à l’origine de la psychanalyse et d’en être également la victime. En effet, il semble que l’hypnose a pratiquement disparu, en France, pendant une bonne partie du 20ème siècle. Il faut attendre le psychiatre et psychologue américain Milton Erickson pour que la pratique connaisse un renouveau.
En France, une vague de formation à l’hypnose réapparaît dans les années 1980, juste après le décès de Milton Erickson. Néanmoins, aujourd’hui encore, il semble qu’un malaise persiste autour de cette thérapie. Pour preuve, le faible nombre de travaux de recherche au sujet de l’action de l’hypnose sur le cerveau, malgré le développement de l’imagerie IRM, en témoigne. La situation n’est pas la même à l’étranger. Ainsi, en Belgique ou au Canada, l’hypnose est un objet d’étude. Nous allons en parler avec nos invités afin de mieux comprendre la situation de l’hypnose en France. Mais nous voulons également aller plus loin dans cette émission. Face à un phénomène aussi étrange que l’hypnose, il nous a paru nécessaire d’aller plus loin que le simple discours indirect. D’autant que les définitions de l’hypnose sont loin d’être satisfaisantes.
La définition que l’on rencontre le plus souvent désigne l’hypnose comme un état modifié de conscience. Trois mots dont deux, au moins, manque terriblement de précision. Si l’on admet que l’hypnose met le sujet dans un « état » particulier, il est bien difficile de comprendre en quoi il est modifié et surtout ce que signifie la « conscience » dont il est question dans cette définition. Les spécialistes de l’hypnose eux-mêmes reconnaissent une difficulté particulière pour communiquer que cette notion.
C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé de ne pas en rester au stade de la pure description. Quand je dis nous, je parle de Marie Dalquié, qui prépare Science publique chaque semaine avec moi, et de moi-même. C’est Marie qui, la première, a fait l’expérience de l’hypnose après avoir découvert un praticien, François Roustang. Mais elle nous en parlera dans quelques instants. De mon coté, j’ai demandé à l’un de nos invités d’aujourd’hui, Jean-Marc Benhaiem s’il acceptait que je fasse, avec lui, l’expérience d’une séance d’hypnose. Il a très gentiment accepté et cette séance s’est déroulée le 15 juin dernier.
Ainsi, au cours de cette émission, Marie Dalquié et moi allons tenter de vous faire partager ce qui s’est produit pour nous lors des séances d’hypnose auxquelles nous avons participé.
Et nous allons, bien entendu, échanger à ce sujet avec nos deux invités :
Jean Marc Benhaiem, médecin hypnothérapeute, qui a créé le premier diplôme universitaire d’hypnose médicale à la Pitié Salpêtrière. Praticien attaché dans des Centres de traitement de la douleur à Paris, il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont le dernier intitulé: « Le Guide de l’Hypnose » vient d’être édité aux éditions InPress. Nous l’avions reçu dans Science publique en 2009 lors d’une émission consacrée aux opérations chirurgicales réalisées sous hypnose et à laquelle avait participé également Marie-Elisabeth Faymonville
Marcel Chatel, ancien Chef de Service de Neurologie du CHU de Nice, hypnothérapeute à la Pitié Salpêtrière en psychiatrie adulte.
Et la participation de Marie Dalquié, attachée de production de Science publique.
Science publique | 14-15
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