Les évènements tragiques de ces derniers mois nous ont fait plonger dans l’effroi, la sidération, l’horreur. Vies brisées, familles endeuillées, chaos, les victimes sont indénombrables. Car il y a ce mal qui ronge, s’insinue au quotidien dans la vie de ceux qui restent et qui, dans 15 à 30 % des cas (selon l’institut de victimologie) les plonge dans ce qu’on appelle un état de stress post-traumatique (ESPT).
Qu’est-ce que l’état de stress post-traumatique ?
De nombreuses personnes sont confrontées à un état de stress post-traumatique après avoir subi un évènement traumatisant, affectant leur intégrité physique et/ou psychique, qu’elles y aient été directement ou indirectement confrontées (victimes, témoins, familles, voisins, personnes en intervention agissant dans l’exercice de leurs fonctions).
Les évènements traumatiques les plus connus sont ceux découlant d’agressions physiques et verbales, d’accidents graves, de morts violentes, de catastrophes naturelles, de faits de guerre comme des actes terroristes. Bien qu’on en parle moins, des traumatismes naissent aussi de la maltraitance physique ou psychologique, du harcèlement moral, de phénomène d’emprise psychique.
Il est quasi impossible de prévenir et mesurer l’étendue des dégâts collatéraux occasionnés. En effet, l’état de stress post traumatique se traduit par des réactions psychologiques entraînant toute sorte de symptômes parfois longtemps après l’évènement, plusieurs mois, voire plusieurs années, et ce, sans qu’un lien immédiat puisse être établi entre l’évènement et les symptômes. Certaines personnes vivent en pensant chaque jour à l’évènement, d’autres l’enfouissent aussi profondément que possible sans pour autant pouvoir en effacer les effets pervers.
Les symptômes se manifestent par divers troubles physiques ou du sommeil, de la concentration, du comportement, des manifestations d’angoisse, d’anxiété, d’agressivité, des pensées intrusives et envahissantes, des flash-back récurrents, des ruminations mentales pouvant conduire à la dépression voire à l’irréparable.
Au quotidien, de simples images, bruits, odeurs, ressemblances, pire encore, l’évocation et la répétition d’évènements similaires peuvent réactiver le souvenir et replonger la personne dans l’horreur vécue.
Comment se forme un traumatisme ?
Notre cerveau disposerait d’un mécanisme « de traitement adaptatif de l’information » très sophistiqué, imbriquant divers processus mentaux et connexions neuronales dans le cadre d’un réseau complexe. En simplifiant à l’extrême, notre cerveau pourrait être comparé à celui d’un réseau d’ordinateurs très puissants, encore que celui-ci soit dénué d’émotion ou de sentiment à caractère humain.
Ainsi ce mécanisme nous permet de traiter l’information liée à l’évènement, dans le respect de notre équilibre physique et psychique. Il veille à notre survie et pour cela il s’adapte, créé de nouvelles connexions, aménage le réseau, fait évoluer notre perception, nos émotions et leurs réponses au travers de nos actes. L’information ainsi digérée peut ensuite être rangée dans notre mémoire, notre souffrance disparaît ou s’atténue, nous adoptons alors un comportement social adapté, entretenons des liens familiaux et amicaux sereins.
Dans certaines situations, ce mécanisme se paralyse, l’information brute générée par l’évènement est directement engrangée dans la mémoire sans traitement adaptatif préalable. L’évènement laisse alors une empreinte qui va continuer de générer des effets négatifs et récurrents, parfois de même intensité, dans les systèmes sensoriels, émotionnels et cognitifs de la personne. Les souvenirs perturbateurs font alors immersion dans le présent, gommant les frontières du temps, impliquant souffrance, comportements inadaptés et limitant dans tous les domaines de la vie. Certaines personnes sont coupées de leurs émotions d’autres les manifeste de manière excessive et toute aussi invalidante.
Il serait erroné de penser que cela passe avec le temps, si le souvenir s’atténue, ses effets négatifs peuvent continuer d’opérer toute une vie. Il se traduisent par des freins à son propre développement personnel ou des blocages dans la vie courante, une diminution des capacités d’apprentissage, un impact sur les capacités intellectuelles, des phobies, des angoisses, de la colère, de la rancœur, du chagrin, des réactions irrationnelles et bien d’autres symptômes y compris physiques qui contribuent à peser sur son existence et celle de son entourage par ricochet, à moins que l’ entourage ait pris la fuite.
A tout âge une thérapie peut-être engagée pour se libérer de sa souffrance, de ses chaînes, afin de vivre en paix avec soi-même et les autres. En effet, des études récentes ont démontré la plasticité de notre cerveau et donc notre capacité à changer de nous ce que nous voulons changer.
La thérapie brève et en particulier l’EMDR et la DNR sont des thérapies particulièrement efficaces pour relancer le mécanisme de retraitement de l’information des traumatismes et ainsi procéder à la classification de l’information comme une expérience de la vie tout en diminuant ou en supprimant la teneur émotionnelle négative et les symptômes qui y étaient associés. Pour en savoir plus : http://www.christelledesouza.fr/dnr-ritmo/